Rachat d'Alstom : l'acheteur doit obtenir l'autorisation de l'État

Alstom, l'un des fleurons de l'économie française, ne sera pas cédé à n'importe quel investisseur ni sous n'importe quelles conditions. En effet, le gouvernement vient de décréter que le futur acquéreur de toute entreprise appartenant à un secteur stratégique, dont celui de l'énergie, devrait obtenir le feu vert de l'administration du pays.

Un devoir de protection

L'État français n'entend pas s'immiscer dans la gestion des affaires du secteur privé. Le dossier Alstom ne laisse cependant pas indifférents les dirigeants du pays. Le gouvernement, en vertu d'un « patriotisme économique » et en réaction aux révélations concernant les négociations secrètes entre le PDG d'Alstom et le Conseil d'Administration de General Electric, vient de publier un nouveau décret stipulant que l'investisseur qui rachètera le groupe français spécialisé dans l'énergie et l'infrastructure devrait obtenir l'autorisation de l'État. Le ministre en charge de l'Économie, Arnaud Montebourg, a expliqué que cette initiative répond à une volonté de l'administration de mettre fin au laisser-aller dans les procédures de cession des actifs des industries du pays.

Valls ajoute cinq secteurs

L'attitude du gouvernement français est destinée à contrer les cessions d'activités stratégiques par les entreprises de l'Hexagone. Initiée en 2005 par le premier ministre de l'époque Dominique de Villepin, cette mesure a été reprise par Manuel Valls qui avec son équipe a étendu la mesure à cinq nouveaux secteurs. Initialement, cette initiative visait particulièrement onze secteurs stratégiques, dont la sécurité et la défense. Le nouveau décret protège également les industries énergétiques, notamment les fournisseurs de gaz, d'électricité ou d'hydrocarbures. Les communications électroniques et les services de transports sont aussi concernés par le décret.

En position de négocier

La publication de ce décret permet au gouvernement français de se doter d'un meilleur pouvoir de négociation dans le cadre de la revente de la branche énergie d'Alstom à un acquéreur étranger. En effet, l'Etat ne s'oppose pas à cette revente ; il veut par contre notamment garantir l'emploi sur les sites français du fleuron industriel tricolore. M. Montebourg a précisé que l'Etat ne devrait a priori pas se positionner pour reprendre la partie du capital en vente, mais veut instaurer les conditions favorables à la défense des intérêts publics en jeu dans cette négociation.